Aménagé dans un parc planté d'oliviers, de cyprès et de chênes verts, ce musée a été spécialement conçu par l'architecte André Hermant pour recevoir les oeuvres de Chagall (1887 - 1985), en accord avec l'artiste qui a procédé lui même à l'accrochage en 1973.
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Il s'agit là de la plus importante collection permanente consacrée à l'artiste. L'ensemble évoque l'histoire de la Création de l'Homme et le Paradis terrestre. Le musée comporte cinq salles.
La première, la salle du Message biblique abrite 12 oeuvres que l'artiste a accroché lui même selon l'harmonie des couleurs.
ABRAHAM ET LES TROIS ANGES
La composition est marquée par l'horizontale du banc au premier plan et rythmée par un jeu de verticales. La couleur éclatante du fond, le rouge de la vie et de l'amour, mais aussi celle du fond des icônes au fond d'or usé, met en valeur la blancheur des ailes des trois anges, souvenirs de l'icône de la Trinité d'Andreï Roublov (exposée à la galerie Tretyakov à Moscou). Les figures d'Abraham et de Sarah, repoussées sur la gauche, semblent frappées d'étonnement par l'annonce de la naissance d'un fils à leur age avancé. Dans la bulle en haut à droite, Chagall met en scène l'épisode suivant dans la Bible : Abraham apprend par les anges la destruction de Sodome et Gomorrhe.
LE SACRIFICE D'ISAAC
Abraham est sur le point de sacrifier son fils quand l'ange arrête son bras. L'ange, manifestation du Verbe divin, est seulement dessiné sur le ciel bleu. A sa droite, les malheurs annoncés au peuple juif. En bas, le groupe d'Abraham et de son fils est coloré par la flamme de l'holocauste. Abraham semble déjà couvert de sang avant d'avoir porté la main sur son fils à l'innocent et fragile visage. Sa main est volontairement surdimensionnée.
LA CREATION DE L'HOMME
En bas, un ange portant Adam, blanc et innocent comme un linge, émerge de l'océan primordial où Chagall a représenté les animaux, crées avant l'homme. Le contraste est saisissant avec la partie supérieure où un soleil tournoyant entraîne dans sa roue le peuple juif et des épisodes de l'histoire biblique (le roi David, les Tables de la Loi...). Le christ en croix en fait partie : ses reins sont ceints du châle que portent les juifs dans la synagogue. Il est pour Chagall le juif sacrifié qui apparaït dans sa peinture avec les débuts de la Seconde Guerre mondiale.
MOÏSE RECEVANT LES TABLES DE LA LOI
Moïse, au premier plan, s'élève vers les Tables tendues par Dieu, représenté comme le dit la Bible par deux mains sortant des nuées. La diagonale inférieure représente la montagne où se trouve Moïse et sépare plusieurs scènes. A droite, de bas en haut, des personnages de la Bible, avec Aaron en grand prêtre, David et Jérémie, et tout en haut, proches de Dieu, un groupe de Juifs en fuite. A gauche, une partie des Hébreux attend Moïse tandis qu'un autre s'est détourné de lui et adore le Veau d'Or. Tout en bas, un couple enlacé et des isbas rappellent des épisodes de la vie de Chagall, qui associe ainsi son histoire à celle du peuple juif.
ADAM ET EVE CHASSES DU PARADIS
La composition équilibrée par les taches de couleur met en scène un Paradis bouleversé par l'événement : des oiseaux à tête de bouc s'envolent, d'autres ont la tête en bas, rejoints par des poissons ailés sortis du fleuve. L'ange chargé de la colère divine montre à Adam et Eve le chemin de l'exil et ceux ci sortent du tableau par la droite comme dans toutes les représentations traditionnelles de la scène. Ils sont portés par un coq rouge, symbole de vitalité et de fertilité et semblent s'envoler vers l'avenir de l'humanité. La petite maternité en bas à droite confirme cette vision plutôt optimiste de la Faute. En haut à droite Chagall apparait avec sa palette, rappelant ainsi qu'il s'agit d'art et non de religion.
LE PARADIS
Le tableau, conçu comme un diptyque, avec à gauche la crétion d'Eve et à droite la tentation, est un jardin baigné de bleu et de vert, rehaussé de taches de couleurs vives et chaudes. Des animaux et des crétures hybrides volent autour de l'homme dans un communion bienheureuse. le couple primordial, enlacés à ne faire plus qu'un avec seulement deux bras et trois jambes, s'apprête à partager le fruit défendu, celui de l'arbre de la connaissance du bien et du mal qui fera d'eux les égaux de Dieu. Avec beaucoup de rondeur et de douceur, Chagall montre l'harmonie de l'humain, de l'animal et du végétal malgré la présence d'un christ en croix en haut à droite. Sa ville natale, Vitebsk est représentée dans la partie haute du tableau. Enfin, l'artiste se représente avec sa femme en bas à gauche.
NOE ET L'ARC EN CIEL
La composition est équilibrée sur une ellipse : à la courbe de l'arc en ciel correspond celle du corps de Noé endormi, afin de souligner la première alliance entre Dieu et les hommes. L'ange annonce à la fois les bonheurs promis par cette alliance, visibles dans la partie supérieure du tableau, mais aussi les malheurs des juifs, ceux décrits dans la Bible et ceux régulièrement vécus dans l'histoire de l'humanité.
LE SONGE DE JACOB
Le tableau présente deux scènes nettement séparées, reliées entre elles par l'arrondi de la colline où s'est endormi Jacob. Dans une nuit au ton violet, il voit en songe des anges monter et descendre une échelle. Ils semblent danser comme des acrobates, évoquant le cirque que Chagall aime tant, soulignant aussi la profonde parenté de ses sujets profanes et sacrés. A droite, l'ange blanc, couleur divine, porte un chandelier qui éclaire la nuit bleue et manifeste l'éblouissement plein d'espoir du message divin.
LA LUTTE DE JACOB ET DE L'ANGE
L'ange semble bénir Jacob qu'il touche au front. Le long du bord étroit se déroulent les principaux épisodes de la vie du patriarche : sa rencontre avec Rachel au puits, son fils Joseph dépouillé par ses frères et jeté dans un puits, sa douleur enfin quand il pleure sur la tunique du fils qu'il croit disparu, dans la position repliée que Chagall utilise généralement pour représenter les prophètes qui annoncent les malheurs de Juifs
L'ARCHE DE NOE
La représentation de cet épisode du Déluge est une première iconographique au XX° siècle : Chagall choisit de représenter l'intérieur de l'Arche plutôt que sa construction ou ses errances dans un paysage tragique. Les eaux diluviennes semblent avoir envahi la toile baignée dans une atmosphère aquatique et vaporeuse où l'humanité opère une seconde naissance. La construction en cercle autour de la fenêtre par où passe un rayon de la lumière divine donne une impression de profondeur rare chez Chagall
LE FRAPPEMENT DU ROCHER
Le décalage entre le dessin et la couleur sombre à peine éclairés par quelques éclats de jaune souligne le sort tragique de Moïse, en butte à la colère des Hébreux perdus dans le désert et soumis à la faim et à la soif. La présence divine, manifestée par la lumière blanche derrière lui, permet le miracle de l'eau qui s'écoule en abondance vers une foule en liesse.
MOÏSE ET LE BUISSON ARDENT
Trois figures légèrement obliques scandent les épisodes fondateurs de l'histoire de Moïse, quand Dieu lui manifeste sa présence. Le sens de lecture est celui de l'hébreux : Moïse, à droite, tombe à genoux devant le buisson qui brûle et ne se consume pas. La mission divine, sortir les Hébreux d'Egypte, lui est annoncée par un ange flottant au milieu d'un cercle coloré. A gauche, la scène de la traversée de la mer Rouge présente Moïse suivi du peuple juif en rang serré dans son manteau. La vague qui se referme derrière lui, également évocation de la nuée divine, protège leur avancée contre l'armée de Pharaon dont la colère est soulignée de rouge et de mouvements frénétiques.
La deuxième salle est consacrée au Cantique des Cantiques, récit appartenant à l'Ancien Testament. Chagall a traduit ces poèmes, attribués à Salomon, en cinq tableaux très hauts en couleur ou le rouge prédomine.
Il me baisera des baisers de sa bouche; Oui, tes étreintes sont meilleures que le vin (Ct, 1-2)
Qu'ils sont beaux, tes pas dans les sandales, fille de prince.
Le galbe de tes cuisses, tels des joyaux, est oeuvre de main d'artiste (Ct, 7-2)
Mon amant est pour moi un sachet de myrrhe; il nuite entre mes seins (Ct, 1-13)
A noter, la représentation de la ville de Vence au centre et en reflet inversé, Vitebsk, la ville natale de Chagall (représenté lui même dans le coin gauche).
Moi dormant, mon coeur veille. Une voix : mon amant tape : "ouvre moi, ma soeur, ma compagne, ma palombe, ma parfaite; Oui, ma tête est pleine de rosée, mes boucles, des éclats de la nuit (Ct, 5-2)
Avant que le jour se gonfle et s'enfuient les ombres, j'irai vers moi-même au mont de la myrrhe, à la colline de l'Oliban (Ct, 4-6)
Ces cinq oeuvres célèbre l'Amour de l'homme et de la femme. Chagall en profite pour dédicacer cette salle à sa femme Vava.
Tapisserie pour l'entrée ou Paysage méditerranéen (1971)
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| La traversée de la mer Rouge (1955) |
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| Moïse recevant les Tables de la Loi (1950-1952) |
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| Le Prophète Isaïe (1968) |
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| Le Prophète Jérémie (1968) |
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Le cheval roux (1967)
Deux autres salles du musée sont réservées aux expositions temporaires. Début 2013 on pouvait y voir un ensemble de dessins, de gouaches et de collages réalisés par Chagall entre la Première Guerre et l'après Seconde Guerre mondiale
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Le violoniste et l'enfant (1931)
Affiche de l'exposition "Chagall d'une guerre l'autre" |
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| L'acrobate (1930) |
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| L'ange peintre (1928) |
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| Cirque (1922-1944) |
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| Les arlequins (1922-1944) |
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| L'atelier (1910) |
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| Souvenir (1926) |
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| Mania coupant le pain (1914) |
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| Le père à table (1925) |
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Le coucher de soleil, Grèce (1952)
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Tête d'homme, de vieillard (1922 - 1924)
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| La rue du village (1977) |
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| Esquisse pour le roi David (1951) |
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| Les arlequins (1922 - 1944) |
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| Couple (1926) |
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| Le couple (1927) |
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Autoportrait effrayé (1927)
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Portrait (1925)
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| Autoportrait à la grimace (1924 - 1925) |
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| Autoportrait au pied (1960) |
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| Vas au visage (1950 - 1960) |
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| Autoportrait (1980) |
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| Double autoportrait (1965) |
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Sur le côté d'une des salles une large baie vitrée donnant sur un bassin met en valeur une vaste mosaïque de 1971 intitulée "le Prophète Elie".
Une série de cercles concentriques, représentant les signes du zodiaque, encadrent le personnage du prophète sur son char alors qu'il est enlevé au ciel sous les yeux de son disciple Elisée. L'artiste s'inspire de modèles antiques représentant Apollon ou Hélios. Le zodiaque reprend divers motifs habituels dans sa peinture, chèvres, poissons et ange dans un décor de végétation luxuriante. Il s'amuse, pour illustrer le thème des Gémeaux, à évoquer ses deux petites filles, des jumelles.
Cette oeuvre est le résultat d'une collaboration entre Chagall et le plasticien mosaïste Lino Melano.
La technique mise en oeuvre fait appel à des tesselles en pierre pour le fond clair et en pâte de verre pour les motifs colorés.
Le musée est équipé d'un auditorium présentant toutes les heures un film de 52 minutes sur l'artiste.
Cette salle est ornée de trois vitraux représentant la création du monde et se lisant de droite à gauche comme dans la lecture hébraique.
Pour finir un lien vers un site présentant d'autres photos qui complètent les miennes.
encore une fois, j'ai appris plein de choses sur Chagall et les contenus de ses tableaux. Ce document est très complet et donne envie d'y aller voir !
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